jeudi 3 septembre 2009

un été à Nogent : les grandes vacances (3)



sur la table orange,

distraction 1 : apprendre à lire
(j'ai retrouvé le livre dans lequel j'ai appris à lire l'été de mes trois ans (paraît-il !) et j'ai choisi cette page qui parle de… la séparation des vacances)


et


distraction 2 : visite au bungalow


(cliquer sur l'image)

Le chemin de la grève poudroyait jusqu’au portail qu’un léger vent de mer faisait battre à deux battants avec un grincement de mouette, les herbes sèches de la dune se couchaient en soupirant et de petites giclées de sable crépitaient autour de nos chevilles ou bien étaient-ce les puces de mer qui montaient à l’assaut de nos mollets ? La porte de la maison (un simple caisson de bois percé de quatre ouvertures et posé sur une dalle de béton effritée par le sel) était grande ouverte. Comme personne ne nous y invitait, nous sommes simplement entrés. Trois pièces en enfilade donnaient les unes sur les autres et nos regards parcourraient les volumes vides de meubles,les murs chaulés et le sol de lames de bois décoloré et l’on aurait ou croire qu’il avait neigé à l’intérieur de la maison tant elle paraissait lumineuse et la lumière entrait et sortait librement par les fenêtres béantes, palpitant au passage des nuages, se ternissant par moment pour flamber l’instant d’après. Nous avons parcouru les pièces démeublées, jeté un œil dans les placards entr'ouverts sur des étagères vides où frémissaient quelques moutons de poussière, impalpables, un cintre s’y balançait faiblement ; dans l’une des chambres, un matelas était appuyé contre le mur ; dans l’autre, une valise baillait sur nul contenu. Un placard avait été construit autour de l’évier dans la plus grande pièce : les tiroirs béaient, ne révélant au regard qu’un bouchon de liège ou un bout de ficelle, les étagères avaient conservé quelques traces de café en cercles et si l’on avaient été un peu plus méticuleux, on aurait pu peut-être ramasser quelques miettes de pain, un clou, un lambeau de papier journal. La maison de vacances était vacante, traversée de vent et de vide; rien ne nous y attachait, elle ne pouvait nous retenir et nous sommes repartis, laissant la porte d’entrée grande ouverte. Une autre porte, inaperçue, s’ouvrit alors à la volée : le vent de la mer s’engouffra dans la trouée comme un train à très grande vitesse hurlant dans un tunnel. La maison émit quelques sonores craquements semblant provenir du dessous de la terre, se désarticula, s’ouvrit pan après pan, écartelée, feuilletée comme un grand livre par la bourrasque, puis elle partit en morceaux, poursuivie par le vent comme un cageot oublié sur la place du marché, un carton défait et explosé en plein vol. Mais déjà nous étions repartis à la recherche d’une autre maison de vacance, cependant que le fragile bungalow soulevé par le vent montait au ciel et disparaissait à nos yeux.


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