mardi 29 septembre 2009

utopique des plaques (2) - journal 2006-2007

[18/ 01/ 06 — nous, les stoïciennes du ça] s’autoriser, m’auto-riser, motoriser à s’auto-citer. Dans « Pour Marthe Werry. Sept exercices d’admiration »[i] ça : « (pas de panique). ne pas vouloir le résultat, ne pas vouloir. Pas de panique, il suffit d’être là quand ça arrive. Mettre en route quelque chose d’incontrôlable ». Oui, c’est ça. Ça y est, c’est parti : bricoler un agencement, une petite machine de guerre pas méchante. Mais, dans ce genre motorisé, qui tient le volant ? Le tout est que ça se mette en route, après, roule ma poule, c’est incontrôlable !

[06/05/06 — du béton, du gâteau, de la tarte] Ne pas se jeter bêtement contre un mur d’impuissance. S’accrocher au raz de la surface ; passer sur le fil SpiNietDel[ii] — un fil qui traverserait le mur, comme la peinture a traversé la toile. N’y voir que gouttes, et, forcément, ça n’aide pas, les gouttes. Édifier un muret d’appuis théoriques en parallèle de notre mure de peinturet, à petite distance, pas plus haut, pas plus profond, juste pour que la balle soit renvoyée d’un mur à l’autre, pour faire des ricochets. Pas construire un aplomb vertical donc — la théorie, l’histoire de l’art, la philosophie, les grandes instances surplombantes — mais deux murs pas trop hauts, souvent parallèles ou presque, qui forment une sorte de chemin creux entre eux et le sens se balade à pieds dedans — ni d’un côté ni de l’autre, pas au beau milieu non plus, mais entre. Citer : « En passant par tous les dualismes qui sont l’ennemi, mais l’ennemi tout à fait nécessaire, le meuble que nous ne cessons pas de déplacer. »[iii]

[01/06/06 — volver a ver « volver[iv] »] Déplacer ses encombrants (thèse, congelo, meuble, parataxe, mur ou surface). Désirer sortir de la bi-dimensionnalité de la surface, parfois, tout ne pouvant être mis à plat, en couches infra-minces, à moins de vouloir (se) dissimuler ce qui, en nous, fait caverne.

[10/10/06 — choses indignes] Ne pas faire de choses indignes, type « exposition de filles » avec tulle poétique, exposition-petits-formats-de-Noël, petites peintures faciles à vendre à l’unité, etc. Tenir compte du lieu d’exposition, de sa fréquentation, de sa programmation. Voir si on peut y exposer ou pas, « moralement ». Faire le choix politique de ne plus vendre de la peinture. Cesser de vendre à nos amis sensibles et éclairés : cette circulation d’argent ne sert à rien, ne permet même pas d’assurer nos besoins de base. Continuer à faire ce que nous faisons (des productions et des manifestations artistiques autofinancées, tout en vivant d’emplois vivriers) mais, à partir d’aujourd’hui, le revendiquer.

[13/11/06 — remonter ses chaussettes] Pour petites affaires pinturluresques, relancer le type de la rue Jean-Pierre Timbaud[v], ou l’« organisatrice d’expo free lance » rencontrée place Saint-Sulpice — molles attaques en direction du marché-de-l’art.

[02/12/06 — recopier tout Deleuze-Guattari] Citer Pierre-Félix : « la vérité n’est pas la théorie, ni l’organisation ». « L’autocritique, c’est toujours à la théorie et à l’organisation de la faire, jamais au désir. »[vi] Que faire de la peinture dans tout ça ? Ne pas savoir – mais on n’est pas obligées de tout savoir.

[02/12/06 — Sheila c’est Spinoza] Vouloir que l’analyse traverse tout ça en diagonale, sans réduire un terme à un autre, sans rabattre un champ sur un autre (la peinture sur la psychanalyse, par exemple), sans aplatir, sans refrabriquer « de la famille », sans figer dans la théorie, l’institution : y a du boulot. Ne pas voir encore comment s’y prendre. Partir de ça : il y a encore et toujours du désir de peindre qui persiste, ça persiste en nous, à travers nous, mais on ne sait pas où ça va, à quoi ça sert (ne pas savoir QUOI peindre, ne pas savoir QUE FAIRE de cette peinture, ne pas savoir OÙ mettre cette peinture, mais savoir qu’un désir prend cette forme-là de peindre, à travers nous). Faut-il suivre sans penser la ligne de fuite de cette folie-là ? Faire son Facteur Cheval, accumuler, laisser grouiller, faire son trou dans une profusion continue de croûtes ? N’avoir plus cette innocence-là, mais avoir le cul entre deux chaises : savoir un peu trop de quoi il s’agit — mais pas assez sans doute. Nourrir ce désir avec de la philosophie, qui traverse tout en éclairant tout sur son passage, sans rien figer, institutionnaliser, hiérarchiser. Être aussi fortes (mais est-ce qu’un peu faibles et molles du genou, ça irait aussi ?) Personne pour nous autoriser à penser, à vivre, à peindre : « l’école est finie[vii] ». S’autoriser réciproquement : c’est celle qui dit qui y est. Ne pas même entrer dans le vif du sujet, rester aux abords, dans les parages… Mais, peut-être que c’est là que ça se passe ?

[03/12/06 — Dolla, Sheila, Spinoza ] Ne plus jouer aux pauvres petites femmes mineures. Avec Baby Dolla[viii], passer de vir heroïcus à mulier heroïca, car oui, l’art est héroïque. Ça ne peut pas être du pipi de chat tout le temps. mettre la peinture ? Énumérer : dans un lieu privé, un lieu public, un lieu ouvert comme un jardin (non), un atelier, chez quelqu’un, une galerie, chez Anne-Marie[ix], dans une laverie, une école, une université, un hall de gare (non), un couloir de métro (non), un lieu d’exposition homologué, un musée, un café… Mais aussi d’autres façons d’exposer. Par exemple : une expo en papiers, une valise à déplier, une maquette, une expo miniature, une plateforme, un site… Un collège de banlieue[x] ? Mais faire un projet, là, sur leur terrain, sans démagogie, est-ce possible ?

[03/12/06 — périph’] Ne pas mimer. Se placer côte à côte. Paratactiques[xi]. Un monde à côté de l’autre côté du fleuve périph’. Se rappeler : Le Plateau[xii], cette île imperméable aux enfants du quartier. On l’a vu.

[03/12/06 — Il n’y a pas de fumée sans feu, il n’y a pas de roses sans épines, Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon] Exposer à côté, peut-être, c’est déterritorialiser, mais dans le collège ? Réticences. Il faut encore explorer l’avant de tout ça. Leur faire sentir que ce collège-en-dur est traversé, travaillé par de multiples et contradictoires désirs, mais, ça, avec des moyens picturaux qui ne font pas partie de leur univers, de leur vocabulaire, de leurs regards, qui ne sont pas même les outils de base des Français moyens que sont leurs professeurs, ne serait-ce pas aller dans le mur ? Raconter ce rêve, fait par l’une, d’une grande maison où l’on arrive en car, vouloir noter quelques pensées lumineuses sur un bout de papier mis en poche. Assister alors à une espèce de performance avec un garçon anodin et une fille formidable qui se déplace partout à toute vitesse, avec un sens du rythme et de la limite incroyable, sur les mains, sur la tête, au bord du vide et qui, pour finir, jette au sol sa jupe verte qui s’étale en une mare ondoyante, fascinante, surface de plus en plus profonde et frissonnante sur les bords. Au réveil, ne pas trouver de bout de papier dans sa poche. Se souvenir seulement que la forme de la première phrase était du genre : « Il n’y a pas de […] sans […] et de même il n’y a pas de […] sans […] ». Garder l’impression d’avoir couru après quelque chose de fragile, d’insaisissable, qui ne peut se définir que par des négations. Écouter, en bonus, l’interview d’un rappeur : « Il n’y a pas d’esthétique sans politique[xiii]. »

[03/12/06 — Les vitesses coulissantes] Réfléchir. Non, pas parasiter, pas prendre la banlieue comme lieu. Avoir un peu de mal à comprendre, mais citer quand même : « c’est la Répétition qui sélectionne, la Répétition qui sauve. Prodigieux secret d’une répétition libératrice et sélectionnante. »[xiv] Entendre, dans le rêve, le négatif (« il n’y a pas ») et la répétition. Projeter la photographie d’un lac à la Sorbonne[xv]. (Se déployer comme un grand nénuphar à la surface de l’eau). Fabriquer de nouveaux proverbes : « Il n’y a pas de fumée sans feu. Il n’y a pas de banlieue sans … ? » Se placer là où ça foire (fore ?) en nous, c’est là que ça se passe — c’est ça l’Éternel Retour ? Avoir parler trop vite en parlant de banlieue. Ne pas y aller. Stop. Stop. Être vieilles, n’avoir rien foutu pendant 10 millions d’années — raison de plus pour ne pas être pressées.

[03/12/06 — Les coulisses vivantes] Répétition. Repasser toujours aux mêmes endroits des manques, mouvement en spirale qui repasse à la verticale de. Et à chaque passage : se décanter, se cristalliser, se déplacer, dériver, se reprendre ailleurs… Rester à la périphérie des lieux marchands, des institutions, être les banlieusardes de l’art. La peinture, c’est loin de tout aujourd’hui, c’est déjà la banlieue. Oui, le travail du négatif. La foirade, le manque, la discrétion, le ratage, la lacune, le manque d’ambition, le pas vouloir paraître, la non performance : faire, paradoxalement, quelque chose de ça… Mais contourner la posture intellectuelle, qui fait vite imposture. Mettre au point une machine (de peinture). Combiner plusieurs agencements simples des éléments suivants : a/mc/la peinture/la philosophie/le lieu/le public.

[03/12/06 — En coulisse, la peinture au court-bouillon] Pas le négatif de l’exténué Blanchot, mais le oui de Nietzsche. Pas l’âne qui porte de la tradition chrétienne ou qui reprend la charge avec son flic intérieur, mais l’âne qui danse. Quitte à déplacer quelques congélos de temps en temps pour pas perdre la main. Délirer : la foire, les tranches, le rafistolage, la rigolade, le jeu, les vieilles peaux de peinture, la lagune. La peinture : pas sinistre, pas sérieuse ou engoncée. Penser à tous nos délirants, au Momo[xvi] qui gueule dans la radio. S’offrir une déconnade bien ficelée. Inventer une autre façon d’être mineure. Pas : excusez-nous, on est pas là, on a rien dit, toujours sur la pointe des pieds à pas vouloir trop déranger. Mais mineure dans le ton décalé, pas là où on l’attend. Cette fichue peinture : mineure-bruyante, mineure-bouillante, mineure-bouillonnante, mineur-brouillon. Et puis se déguiser avec des armures et des casques et balancer des boules avec des pointes attachées à une chaîne, les trucs qu’on fait tourner au-dessus de la tête. Pour le buffet, des merguez crues, pas de fourchettes, il y aura toujours la possibilité de faire du feu au milieu de la place. Ajouter à ça un autocar d’élèves : les 6e 4 sont pas mal, les 3e 3 feront leur petit effet.

[04/12/06 — harpies] Rire de se voir en harpies échevelées balançant des merguez ou des masses d’arme. Agressives mémés.

[04/12/06 — ça mérite une baffe] Ça fait du bien de se renvoyer la balle, un peu d’accélération de neurones fait croire à un cerveau. Continuer. Réagir à la vision des lépidoptères sur voile de mariée par un regain d’agressivité hilare : coller une baffe à la niaiserie, la joliesse, les bons sentiments, au moralisme en fait, dans les expositions de quartier comme à l’Éducation Nationale.

[22/12/06 — redoublement] Aller voir Cherkaoui et Khan[xvii] : au début les deux assis par terre face aux spectateurs, racontent ensemble une histoire idiote, ordinaire, de valise perdue à la gare. Tous les deux ensemble, deux voix, et les gestes identiques, les gestes ordinaires que l’on fait quand on parle. Effet est saisissant. Évoquer, pour la peinture, Bernard Piffaretti : comment le redoublement montre la peinture et tient lieu de discours sur la peinture (comme le redoublement de Cherkaoui et Khan parle de la danse, du théâtre, tient lieu de discours). Deux personnes différentes, différantes : on ne sait plus si on regarde ce qui est semblable ou ce qui diffère. S’intéresser à ce duo, ce double : qu’est ce que ça donnerait en peinture ? Peindre en même temps ? Peindre la même chose ? Peindre une moitié chacune, peindre le haut, peindre le bas ? Mouais, pas facile.

[22/12/06 — mouais, dit la meuh meuh] Ne pas avoir honte d’être blanchâtres, vieillasses et casanières. Et aussi : deux teignes râleuses et qui n’en veulent (de la vie, encore).

[23/12/06 — Et/ou] Penser aussi à Agnès Varda. Elle montre des gens démunis, et en même temps son film[xviii], « Les glaneurs et la glaneuse », est un auto portrait. Sa vieille main qui filme, vieille patate, son empathie, sa tendresse, elle nous fait toucher, nous touche, nous rend, dans le même geste, aux autres et à nous mêmes. Donner ça, aussi, avec la peinture. Une gageure ? Alors poser la question : en quoi le double (différences et répétitions), le toi & moi, entre dans le jeu, entre les « je », pour causer-montrer, ça que nous trimballons — et qui touche tout le monde ?

[23/12/06 — se dire ça ] Ne pas oublier de se rappeler de se dire ça : « La vraie image est connaissance », Michel Foucault[xix].

[24/12/06 — Faire Taire ] Lire sur Internet un article plutôt négatif de Philippe Coubetergues[xx], article qui grinche un peu méchamment sur la peinture, semble promouvoir le "lisible" conte le "visible", le figuratif, le narratif contre… la peinture dans sa simple présence occultante, maculante, couvrante, etc. « Plus qu’une quelconque victoire figurative, ce qui compte pour le peintre, c’est son empêchement ». Oui, faire taire « l’universel reportage »[xxi], interrompre le baratin discursif, justificatif, faire silence plutôt que petites histoires, c’est ce qu’elle peut faire la peinture… Faire ce simple boulot-là : « le regard est reporté à plus tard, détourné, dévié » ; « une autre voie, prendre une tangente qui se maintient entre le signe et l’objet », une « direction inconsolable », c’est une ligne de fuite parmi d’autre, et ça s’appelle déterritorialiser, chez certains. S’intéresser aux « jeux de montré/caché de l’image » : ce qui est entrevu, aperçu sous la peinture prend une valeur… autre, on va dire. Se souvenir du plaisir d’avoir vu, dans l’exposition de Jean-Luc Godard[xxii], des grosses et grasses balafres de peinture qui masquaient — du texte, par exemple.

[29/12/06 — Dedans-dehors] Poser le petit plan de l’atelier sur une table et se pencher sur le rectangle. Qui n’est pas un rectangle aussi rectangle que ça (n’en a pas la rectitude). La table. Le poteau. Pas tout à fait central, mais quand-même, central dans son rôle. Tout en blanc, 57 m2. Et puis, le reste autour, des surfaces avec des trames superposées, cour, bâtiments à gauche et à droite. Cette géographie. Savoir ne pas vouloir parler à la place des autres, indigne ou raconter sa vie, indigne tout autant. Prendre le large, utiliser cette géographie. Si c’était comme dehors ? On dirait que ce serait dehors, dans l’atelier, comme si c’était dehors. Métamorphoser le dedans en dehors, par la peinture ? Ne pas convoquer la pluie, le vent, le soleil. Ne pas verser trois tonnes de sable dans la cour pour faire une dune : qu’est-ce qui ferait dehors, en peinture ? « Embrace Romance ! » de Gerwald Rockenschaub[xxiii], ça faisait dehors, c’était immense, vaste, ça respirait. Pour équilibrer, penser à l’exposition de Joseph Kosuth[xxiv], c’était du dedans : une bibliothèque, pas ouverte à tout vent. Et pourtant, ça transportait aussi. Pousser les murs, surface, sol, verrière. Jouer avec les restes (la fenêtre-tableau Renaissance, la fenêtre de Buraglio-déconstruction du tableau) ? Non, pas envie. Mais : la partie pour le tout, l’atelier pour le monde. La nuit-dehors de Poussin, et le jour-dedans de Vermeer, un joli projet avec pan au milieu. Comme si, à partir du poteau de l’atelier, le dehors explosait par là. Mettre des combinaisons de cosmonaute et jetter des pots de peinture à tout va contre les murs. Ça coulerait, dégoulinerait, ça peindrait tout seul. Autant rien faire, sur les murs, il y a déjà le monde.

[01/01/07 — c’est pas ça ] Envoyer l’inscription pour les portes ouvertes des Ateliers de Belleville : nom d’artiste, provisoire, « Gayffier-Catoire ». Faire entité singulière, pas « Gayffier m.c., peinture » « et Catoire a., peinture », pas deux « artistes » distinctes qui travailleraient ensemble : c’est pas ça. Faire siffler les merguez aux oreilles, faire pleuvoir les escalopes comme des taloches, frapper les occiputs avec des os à moelle !

[06/01/07 — Le cou de lacan] Donner à lire ou lire « Dans l’Atelier »[xxv] : entre le pilier et le poêle, c’est déjà dit. Trouver Lacan[xxvi] bandant, hyper marrant. S’en taper de petite gorgées. Voir le pilier de l’atelier phallique en diable, au milieu des poils. Puis retourner au Cso[xxvii], histoire de lui tordre un peu le cou au Lacan.

[06/01/07 — Cancan, c’est Lacou !] Reparler du phallique pilier et du Là ? Quand ? (réponse évidente : c’est où tu veux, quand tu veux). Plus sérieusement, revenir au dedans/dehors avec comme idée : la porosité. « Instaurer une zone de voisinage et d’indifférenciation avec un dehors[xxviii] »

[07/01/07 — Le perroquet] La porosité, évidemment.

[08/01/07 — à la recherche du module ] Créer un module à partir de « la porte bouchée ». Comparer, calculer. Dans un catalogue alsacien[xxix], une paire de montants 80 = 3,36€, une paire de montants 200 = 8,40€, une entretoise 80 = 1,68€. Total pour un module = 13,44 € (pas de frais de port pour une certaine quantité). On peut moduler le module : il y a du 73, 75, 80 cm ou du 195, 210, etc. si on veut faire exactement comme la porte (à l’intérieur du chambranle ?) Faire les comptes, voir. Donner un coup de fil chez Marin[xxx]. Demander le prix des 200 x 80 et aussi des formats courants proches. Essayer sur le plan. 12 modules, ça fait vraiment pas beaucoup. Le double ça commence à ouvrir les possibilités. Plier, tangenter et aller en hauteur.

[08/01/07 — Ça père fort par les pores] Poreux : qui a des pores, qui est perforé de très nombreux petits trous. Qui présente des interstices entre ses molécules. Qui présente de très petits orifices, de très petites cavités. Qui se laisse pénétrer, imprégner par quelque chose. Synon. Perméable. « L’esprit vacant soudain étrangement poreux à un concert plus subtil et à d’indéchiffrables coïncidences »[xxxi]. Bien pour les peureuses. Musique : le père-Fauré. Et Pore : interstice séparant les molécules d’un corps (ou comment le dehors est déjà dedans). « Les pores absorbans des parois du tube alimentaire ou intestinal »[xxxii]. Très petit orifice à la surface de la peau auquel aboutit le canal excréteur des glandes sudoripares et sébacées. « Je suis peuple, je me sens ouvrier par tous les pores »[xxxiii]. Le peuple sue, d’ailleurs.

[12/01/07 — projet ] Vivre une vie déjà banale d’employée ployée et délirer dériver sur le projet poreux, le « porejet ».

[14/01/07 — surfaces capturantes] Dire : (l’une) rencontre ; (l’autre) côte à côte. Partir de ces deux points de vue, de deux situations : leur différence. Aller voir de plus près, chez Deleuze : ce projet tout entier avec le crible, le filtre et le chaos du point de départ[xxxiv]. « C’est un monde de captures plutôt que de clôtures »[xxxv], pour la rencontre des surfaces.

[14/01/07 — 1 = 1] Bricoler des choses poreuses à l’atelier et puis avoir déjà des doutes sur la porosité. Plutôt que de montrer des trous-trous sous toutes leurs formes et dans toutes les dimensions, revenir au dehors/dedans, plus riche, plus large, permettant de prolonger « l’affaire parataxe »[xxxvi]. Répugner, pour l’une, au dualisme, aux choses tranchées. Vouloir toujours tout mettre sur un même plan, refaire une sauce pour lier le fonds, dérouler le papier peint… Crainte des antagonismes, évitement des conflits ? Paraître, pour l’autre, plus tranchée, plus parataxique. Opposer « rencontre » et « côte à côte », en est un bon exemple. Mais dans la pacifique « rencontre », retenir le « venir à » (la rencontre de), le mouvement vers quelque chose, autre chose, et qui s’arrête quand l’autre commence, comme une espèce d’équilibre de forces, de pacte de non-agression, de neutralisation. Mouvement vers le neutre du 1 = 1. Ou bien regarder dans la même direction (« côte à côte »), ou bien se faire face (« venir à la rencontre »). Noter, plutôt que l’événement de la rencontre, sa pointe le kaïros, le « se diriger vers », le « faire face » et le « continuer à travers » (échanges gazeux). Alors là, oui, c’est plus capture que clôture, venue au contact que tracé de frontière, absorption que délimitation. Plus difficile de problématiser, dramatiser, théâtraliser le poreux que le « dehors/dedans » (Il pleut, je ne sortirai pas, c’est a déjà tout un film !). Se méfier de soi-même, de son goût du poreux, (un goût de surface ?) et ne pas s’embarquer dans des enthousiasmes idiosyncratiques, quoi que sympathiques, tics. Se rendre compte que l’une et l’autre ont des approches différentes de ce vers quoi on va sans savoir encore ce que c’est. Et c’est justement le sujet : il va falloir faire avec l’autre, que l’une se « parataxise » que l’autre se « poralise » ; que l’une s’antagonise, que l’autre se neutralise, etc. Ne pas savoir comment faire, mais savoir que c’est ce non-savoir qui est à montrer dans l’expo… Donc, compliquer encore le propos, pour ne pas trahir les exigences de départ : ne pas faire comme si on voyait tout pareil, faire quelque chose avec ce « pas pareil », l’antagoniser-et-le-tartiner en surface, à traiter dans le même mouvement. Mais, là encore, c’est pacifier, accorder, égaliser. Être sûre de : l’une ne s’en sortira pas sans l’autre.

[15/01/07 — différences parallèles ] Hésiter sur le por®eux : le poreux, c’est peu. C’est magnifique mais ce n’est pas « problématique ». Dire que la parataxe clignote, un côte à côte pas statique, mais qui fait le saut, de synapse en synapse. Penser aussi aux différences parallèles (D // D) du texte de Nancy sur Derrida et Deleuze[xxxvii].

[15/01/07 — tentation nihiliste contre niaque insomniaque] Mettre deux R à poreux, c’est sans doute nécessaire pour faire souffler le vide entre les particules. Mais risque pour l’une d’être attirée par ce vide, le rien, le neutre qui bouffe tout. Le pore, la peur, la mort. Plutôt regarder les synapses s’allumer l’un après l’autre et tracer un parcours clignotant et imprévu sur l’écran mental crépusculaire ! Forer des pores dans la parataxe, ranger les trous de chaque côté du slash, se battre pore à pore… Lire dans le « dernier Cadiot[xxxviii] » : « Non, Sire, de la prose, pas de poésie, pas bon, de la prose, tout pour le futur, c’est mieux, Sire, Dialogue distendu dans la masse du livre, le Gris décor qui se diaporamise, ça porose, ça agit, ça Pollinise, ça fragmente dans les Têtes… »

[15/01/07 — sup-portes ] Pour essayer « Dehors – Dedans » ou « dedans / dehors », peindre sur des portes, agencer des portes, ouvertes ou fermées, etc. Aller on ne sait où récupérer une vingtaine de portes (pour une bouchée de pain, bien sûr).

[17/01/07 — C’est la plaque qui me plaît] Le slash paratactique de « dehors / dedans », c’est un pli. Visualiser mouvements de dépli et de remploiement. Lire René Schérer : « Le pli […] relie l’espace du dedans à l’extérieur[xxxix] ». Pointer : la porosité. Faire une peinture poreuse, hospitalière. Déplier des plaques, des panneaux à partir du pilier de l’atelier. Faire proliférer par le milieu. Et penser topologiquement. Trouver des plaques de polystyrène ou autres matériaux (pour l’isolation ou) dans les Castorama[xl]. Y faire un saut, pour voir.

[17/01/07 — à côté de la plaque ] Aller voir aussi au Leroy Merlin à côté de Beaubourg[xli].

[19/01/07 — plaque-art] Chez Leroy-Merlin (sur le site[xlii], mais non vendu en ligne) : panneau de polystyrène extrudé URSA, Long. 2.5 m x larg. 0.6 m, ep. 30 mm, résistance thermique : 0.9 R. Prix indicatif : 9,90 €. Cher.

[20/01/07 — poreusement] Du côté de la plaque, chercher chez les marchands de matériaux du bâtiment, genre Point P[xliii]. Le format 250 x 60, forme « carrément » une plaque de 4 bandes pour un presque carré ; ça produit un rythme. Du coup, jouer sur les espacements ou les rapprochements, etc. Un format singulier pour répondre à la singularité du problème.

[20/01/07 — poreusement et économiquement] Couper la plaque à 180 x 60 = grosso modo, « format humain » ; restent 70 x 60 — comme une « porte » et une « fenêtre » ; jouer avec ces deux modules.

[20/01/07 — on se bouscule pas] Rester prudentes, juste une idée, voir ce qu’on en pense encore demain… Économiser de la plaque, rester dans l’idée des ouvertures, ouvrir-fermer dehors-dedans, se rapprocher de la porte à taille humaine. Détecter peut-être une piste dans la « porte murée » — un oxymore, une aporie : de la contradiction, du suspens, de l’horreur (quel crime ici enclos ?), les squats parisiens, le théâtre de l’absurde et les portes du pénitencier…

[20/01/07 — Le pore heureux] Ne pas se bousculer, ne pas défoncer les portes ouvertes ! Une porte murée, une porte-mur et dans « le cadre » des portes ouvertes de Belleville ! Esprit de contradiction minimum et nécessaire. Enfin rencontrer du « pas d’accord », de l’aporie et de l’impossible. Avoir des petites crises d’enthousiasme passager : les pores heureux. Entendre aussi qu’aporie et poreux sont voisins de palier. Boire tout ça avec le thé. Fen-être ou pas fen-être, là n’est pas la question, c’est un détail ; mais on sait ce que c’est qu’un détail. Chercher l’Ouvert. Non. Lui tourner le dos. Chercher le fermé, se cogner dessus, foncer dans le mur, boucher, murer étanche. Il pleut, je ne sortirai pas. Et paf ! Ça s’ouvre tout seul, là où on ne l’attend pas. Bien aussi, ces agencements entre l’une & l’autre : autour du poêle — puis écart — autour du thé — puis écart. Là encore : liaison/déliaison, rapprochement/éloignement, etc. Ne pas trop savoir comment ça marche, mais sûr, c’est par là.

[20/01/07 — La plaque opaque est cousine du placoplâtre] La peinture ça travaille à l’impossible. C’est bien une porte murée. C’est opaque et poreux (Titre : « L’Impossible Monsieur Poreux » ?). On peut continuer à peindre que si on se bouche la vue (la bouche, l’œil). Murer la porte pour ne pas l’enfoncer ouverte. Chercher sans savoir quoi chercher, on attend, on s’attend à rentrer dans le mur, ou bien que le mur vienne à notre rencontre. Choc. Depuis longtemps, cette intuition que la peinture est une avancée du mur (là encore, l’important c’est : l’avancée, le venir à). Le mur, c’est le trop-plein, le saturé, le maçonné, le « rien à voir » (pour donner le désir de voir ?), le trop visible qui s’absente. En bref, le travail du négatif. Aporie merveilleuse : comment peindre quand le tableau est une surface opaque, obscure, murée, mais que l’on sait être en même temps un espace mental vital, un espace hors du monde dans le monde (dehors/dedans) — une virtualité sans doute, merci Deleuze. Il faut produire cet opaque, ce muré, ce barré, ce « peine-à-voir », cet occulté, caviardé… En peignant ! Bref, la couche bouche et le pore fore ! Peut-être que (amis de la parataxe bonjour) ça va s’ouvrir par le milieu, comme l’herbe en sa poussée. Proposer un mix de Deleuze, Filiou, Fourcade et autres : « Dans la peinture tout arrive, tout arrive en même temps, tout arrive par le milieu ». Nécessité maintenant de tenir la chronique de notre tentative de fonctionner à deux. Comment on tente de raccorder deux machines désirantes (de peinture, de pensée) ensemble, comment on couple les machines, comment faire le schéma de montage de cette usine à gaz. Ce qui marche, ce qui ne marche pas, les ajustements, les écarts incommensurables, les retraits, les retours à l’étape précédente (déjà 2 ou 3), les avancées inattendues. Ce qu’on peut faire ensemble, ce qu’on ne peut que faire seule. La difficulté de penser, de peindre sans doute aussi, devant l’autre (c’est-à-dire le difficile d’être en même temps branchée sur ce qui émerge de l’intérieur et ce que l’autre propose en même temps, dehors-dedans). L’une étant le dehors de l’autre, mais pas sur un mode binaire, c’est plus complexe. Notre désir de peinture à chacune, fragile, différent, pareil quand même, ce qu’on est sans le savoir et ce qu’on veut sans savoir quoi… Ce qu’il va falloir laisser tomber en route, chacune, ce à quoi il faut s’agripper obscurément. Et pourquoi on veut se compliquer la vie comme ça ? Prendre encore quelques mesures, si ça peut être utile : la porte murée, mesures intérieures : 70 x 190 ; la table : 90 x 250 ; la verrière : 90 x 220. Se servir des petits morceaux (« fenêtre ») comme supports aux grands (« porte »), les placer perpendiculairement au mur pour faire avancer les modules – alors la tranche seule serait peinte ?

[24/01/07 — Intrigue et extrusion] « Aller aux plaques », dans les magasins dee bricolage. Voir un peu les extrudées. Intéressant, le format ; intrigante, l’extrusion.

[27/01/07 — rendre illisible] Proposer (titre ?) : Faire Taire. Autant pour le Faire que pour le Taire ; comme : produire, mettre en œuvre du silence (par la peinture). Pas donner signe, explication, commentaire. Comment taire ? Comme dirait le malicieux Morelet[xliv]… Aussi : la soustraction. Soustraire au regard. Enlever, ôter, alléger ? Soustraireabstraire ? Traire par en dessous ! Taire & Soustaire ! Barrer le regard, lui interdire de traverser la toile, pas de profondeur, le renvoyer à la surface (retour à l’envoyeur !), se heurter à la surface, rebondir dessus pour repartir ailleurs, ping pong d’une plaque à l’autre. Barrer, enlever le superflu, les redites, les redondances, avec le même geste agacé, rapide, redit, répété : contradictoire ! Rendre illisible, pour qu’il n’y ait rien à comprendre, faire l’âne (pour couper le son), faire la bête, fuir l’ange. Borner, chercher l’opaque, obstinément. Aller vers le blanc, Blanchot, aller vers l’obscur, Thomas[xlv]. En tout cas, suspendre (une exposition en suspension) : suspendre le vouloir-peindre, l’ego, le jugement de valeur, l’illusion, la représentation, etc.

[27/01/07 — effacer raturer ] À déposer sur les plaques : signes d’effacement, de ratures. Copier des motifs (tissu ? imitant le bois ? imitation d’imitation d’imitation ?) All over, motifs abstraits ou répétés donc s’abstractisant. Ou papier peint. Effets de surface mais contredits pas la superposition des nappes. Donc, les recouvrir, les effacer, etc. avec des écarts de matières, de qualité de peinture entre les couches. Avec des reprises, quelques insistances par-dessus l’effacement. Attention aux idées : c’est pas de la peinture. On sait à quoi s’en tenir. Et puis garder une trace écrite de l’élaboration du projet… Oui, ce serait bien, si pas trop la flemme et un peu de temps…

[27/01/07 — circulez, y a rien à voir !] Petite séance d’atelier : juste passer deux couches minces d’acrylique blanche sur la plaque d’essai. On dirait que ça tient bien (surtout sur les tranches, de la vraie meringue) donc après, on peut y mettre ce qu’on veut : huile, crayon, pastel, du gras, du maigre et tutti frutti. Y retourner demain. Avec les ratures, caviardages, masquages, proposer aussi : l’oubli, l’oubli actif, encore le travail du négatif (photo ratée ?), l’oubli volontaire contre la mémoire envahissante, paralysante, proposer le « non-savoir », le « pas vouloir savoir » même, la bêtise opaque (mais pas toute seule, sans doute), proposer de (re) fabriquer de la page blanche, de la neige cathodique, du silence radio, du motus et bouche cousue, de l’à côté de la question (à côté de la plaque, bien sûr) et de planter ça devant les yeux du public : circulez, y a rien à voir ! C’est un peu jusqu’auboutiste ? On en reviendra sans doute, de ce bout, mais ça vaut le coup d’y aller voir. Déprise de parole.

[28/01/07 — Déprise de parole] Dans « faire taire », il y a faire. Un mot qui passe à l’acte. Un positif qui fait pas le malin ; fait avec les mains. Pousser le curseur à la limite pour voir. Mais veiller à l’articulation, à la problématisation, au rapport — appeler ça comme on veut. Sinon, on retombe dans la porte ouverte. Décomposer en trois temps : 1 — avant le faire (importance du problème — là où on en est maintenant) ; 2 — le faire (support, matériaux, format, médium, lieu, installation, présentation, etc.) ; 3 — le résultat, le temps de l’exposition, ce qui s’y passera pour le public et pour nous. Mais, se regarder pédaler en trois temps, à quoi ça peut servir ? Passer à l’atelier.

[28/01/07 — sans virgule ] Il pleut/je ne sortirai pas, sans (la) virgule. Vu à l’atelier, sur la plaque témoin, mais rien dit. Que ça puisse exister, comme ça, en dehors. Et sans virgule. Sidérant. Il n’y avait plus « je », c’était le jeu, il n’y avait donc rien à dire. Puis, dans la nuit : on va pas y arriver. C’est trop, on va pas s’en sortir. Ça va donner un drôle de ramassis de trucs hétérogènes. Pour que ça déménage, il faudrait tout se coltiner dans l’atelier. Avec des horaires. Carrément. S’installer. Se coltiner tout ensemble. Avec des décisions à la louche. Pas à la petite semaine, sinon, on n’est sûrement pas dans les temps. Les plaques physiquement là. Et nous, là aussi. Jusqu’à présent, c’était impensable pour l’une d’envahir l’autre. C’est peut-être la virgule « omise ». Bon, y réfléchir tranquillement. Dire « non » si l’une a un doute. Si doute, pas faire comme ça.

[30/01/07 — Où c’est, où on va ?] Ce serait bien de comme,cer à l’envers (faute de frappe : comme c’est ?). C’est-à-dire recevoir les plaques et, sans rien dessus, les installer un peu. Pour voir où on va ? Ça y est, rattrapée par les plaques.

[30/01/07 — ça circule, ça commence vraiment ] Lire : Il pleut/Je ne sortirai pas et en être sidérée. En état de sidération. Qu’est-ce qui se passe ? Que ça passe. Que ça circule de l’une à l’autre. Désappropriation/appropriation, dans tous les sens. Sidération de découvrir les déplacements engendrés. Piquer les phrases de l’autre, en faire autre chose. Il faut une sacrée amitié pour trouver l’accord dans la dissonance. Difficile à dire, il y a un oxymore à trouver. C’est là que ça commence vraiment. Drôle de jeu. Mais savoir si c’est possible de travailler comme ça, comme une sorte de « chantier » en commun ? Alors que l’une comme l’autre, jusqu’à ce jour, n’a jamais écrit une ligne devant quelqu’un, donné un coup de téléphone devant quelqu’un, jamais donné un coup de pinceau devant quelqu’un. Mais ce dispositif, cette disposition, ce dérangement, peut peut-être faire advenir quelque chose. Ou pas. C’est peut-être ça : expérimenter. Donc, commencer à placer, déplacer, assembler ou rapprocher les plaques, dans l’atelier, avant de commencer la peinture, semble indispensable.

[30/01/07 — souffrir, dit-elle] Ne pas avoir de scrupule à dire toutes ces choses, mais présence d’esprit, courage de. Pour parler sur un plan pratique, le travail doit se passer à l’atelier, ne serait-ce que pour voir Les Plaques en situation. Qu’imaginer, compte tenu des pudeurs de l’une et de l’autre ? Travailler l’une & l’autre à l’atelier, à tour de rôle (l’une le matin, l’autre l’après-midi, une garde alternée !) avec des petites séances à deux pour voir où on en est. Comme ça, les « œuvres », elles au moins seraient ensemble, nées à et de l’atelier, mais on éviterait le strip-tease que c’est de « faire » (caca, sans doute) devant l’autre. Mais sentir le danger de l’hétéroclite, de l’hétérogène de deux productions combinées. Les pratiques picturales de l’une & de l’autre, malgré tout ce qui est partagé en pensée « théorique », sont divergentes, peut-être plus concurrentes ou contradictoires qu’on ne le pense. Le risque, c’est une perte d’unité de conception, de style, de « singularité »… Un résultat qui tiendrait du compromis, bancal, tiraillé à hue et à dia. Un truc moche, quoi. Mais il y a encore autre chose, plus difficile. Est-ce qu’on va oser se dire ce qu’on pense si quelque chose fait par l’une ne plaît pas à l’autre ? L’une tient toujours à la dégoulinure et l’autre ne lâchera pas la copie comme ça. Marcher sur des œufs, avoir peur de faire mal. Or, le grand danger de cette aventure, c’est de se faire mal, l’une l’autre. Dire ce qu’on pense fait mal. Ne pas le dire, fait mal aussi. Courir ce risque, ce danger, cette douleur ? Savoir si on est assez blindées pour faire face à tout ça ?

[30/01/07 — coups de griffe ] Duo. Penser à… Deleuze-Guattari. Rien que ça ! Ça ne leur avait pas mal réussi… Ils ont inventé une façon d’écrire ensemble. Est-ce que ça existe une façon de peindre ensemble ? Si on le fait, ça existera. Si on le fait pas ça n’existera pas. Et si on le fait, ça sera peut-être raté. Si on le fait, c’est pas pour se faire du mal. Savoir si Deleuze-aux-griffes a fait mal à son copain ?

[31/01/07 — une machine à quatre bras ] Poursuivre, parce que si thèse[xlvi] il y a, elle serait là, au bord de ce que nous essayons de penser et de peindre, même si finalement on n’expose rien en mai, si on n’y arrive pas, si on arrive nulle part. La peinture, une. La parataxe, le rapport (et donc pas dans la peinture, mais dans le langage). Sortir complètement de : les tableaux de l’une à côté des tableaux de l’autre. Mais mettre en place les conditions pour que, à ce moment-là, dans cet atelier, il y ait la peinture. Une des conditions : pas un auteur, un artiste, ni deux. On ne sera pas trop de deux. Mais aussi plus que deux, autrement que deux. Un couple ? On n’est pas un couple. On est une machine. Un truc à deux têtes, à deux corps, à quatre bras, etc. Une autre condition : pas de jugement. Zéro jugement de valeur. Autre condition encore : la dépossession. Pas les tableaux de l’une, les tableaux de l’autre, pas la phrase de l’une et la phrase de l’autre. Tout circule, tout s’échange. Plus de je, finalement est-ce si difficile ? Peindre un tableau (ce machin qu’on traîne longtemps et qui marche pas et qui foire et patati et patata et un jour, on ne sait même plus pourquoi, il est là, il tient), c’est long, c’est rare (en a-t-on jamais peint ?). Quand ça marche du premier coup, c’est mauvais signe : il faudra le foutre en l’air pour faire advenir la peinture. Toujours tendance à revenir à ça, ça nous aimante parce qu’on est fabriquées avec. On est moulées dans cette idée de peinture. Mais… réussir ça 15 fois chacune (65x 250) d’ici le mois de mai… Pas le temps. Faire autrement. Plutôt abandonner la « posture » (rires) d’artiste-auteur. Là, on peut parler de chantier, au sens du chantier d’artisan : l’un fait l’enduit, l’autre le réchampis, l’une passe le rouleau, l’autre lance la dégoulinure ; on s’en fout, qui fait quoi, à la fin, la pièce est peinte. Là où on est « artiste », là où on est « peintre », c’est dans le projet. Dans l’idée. Mais une idée qui doit s’incarner dans la matière, dans la couleur, dans l’espace… C’est-à-dire qu‘il s’y passerait quelque chose : l’idée non pas déposée pour être illustrée, mais pour être débordée. Avec ce projet, on peut être dans les temps. On y sera peut-être. Pas sûr, bien sûr. Dans les temps, pour recevoir les plaques, les mettre en place provisoirement, enfin, voir un peu ce que ça donne une plaque inclinée ici, deux contre ce mur, une horizontale par-là, etc. Et à partir de là… mettre en place non seulement les plaques mais la suite — qui n’est pas un tableau + un tableau… (ni une plaque + une plaque…) Sortir des fixations identitaires : et là, on commence par nous. C’est de la micropolitique. Si on se place bien dans cet agencement, il n'y a plus d’atteinte à l’ego de l’autre puisqu’on est une machine à quatre bras, deux têtes, etc.

[31/01/07 — je suis une pétocharde] Envie d’y croire, mais… Pas de jugement de valeur, pas de beau… Oui, mais si zéro effet, si ça tombe à plat, floc ou plouf, ça sera difficile à supporter. Gêne aussi dans l’idée de barbouiller des grandes plaques à la va-que-je-te-pousse-qu’on-n’est-déjà-pas-en-avance : ce côté décor de théâtre, qui en jette, vu de loin, mais de près, c’est pas « pictural » (le « pictural », ne pas savoir ce que ça veut dire mais s’en servir quand même !). De l’orgueil, c’est vrai. Si le rapport est dans le langage et non dans la peinture… alors il ne va rien se passer ! Le rapport, le négatif et la contradiction doivent bien y être aussi, pris dans la nappe peinture qui fait monde ! Sinon le monde ne serait pas complet ! Or, il est plein comme un œuf, semble-t-il… Sur le plan pratique, il faut faire venir les plaques à l’atelier, les inviter à se déployer, se poser, s’entre poser et voir ce qu’elles ont à nous proposer. Il faut donc les commander ! On peut s’en occuper vendredi après-midi ? ou alors samedi ?

[01/02/07 — Re-péteuse, re-pétocharde] La peinture, ce n’est pas qu’elle reste une, c’est qu’elle fait une. Principal danger, principal défaut : fonctionner à deux en miroir. Ça a à voir avec puissance/pouvoir. Rien à faire du pouvoir. Mais libérer de la puissance, ça… Assumer la puissance ? Péter de trouille. Donc, sous ce rapport, l’art c’est jamais mineur. L’art c’est héroïque. Si c’est moche, eh bien, on passera la ponceuse et on récupérera les plaques. Le pictural, qu’est-ce que c’est ? Il n’y a pas d’essence du. Un jour, Picasso a collé 2 ou 3 bouts de papier sur une toile et c’était pictural en diable. Ce n’était pas le temps qu’il fallait pour coller les bouts de papier qui faisait la picturalité. Picturalité rime avec temporalité. Le temps, c’est celui-là. C’est aussi celui de grandes périodes de travail individuel, avec des couches, des repentirs, etc. Tout ce que Proust avait vu. Et si c’est pas fini au moment des Portes ouvertes… on continuera. Pas de flic pour vérifier qu’on a fait le truc dans le temps imparti. Pas de temps imparti. On prendra le temps qu’il nous faut. Mais on le sait bien, il n’y a pas de pires flics que nous-mêmes. Appeler Leroy-Merlin demain matin.

[03/02/07 — Laisser flotter] Écouter Nancy[xlvii] : espérance versus espoir. Espérance, oui : ce qui peut arriver sans anticiper.

[05/02/07 — couvercle de cocotte-minute ] Lire et citer un petit livre de Frédéric Pagès : « Philosopher ou l’art de clouer le bec aux femmes[xlviii] » : « Arrêtons-nous sur ce mot – guillotine : le sérieux. C’est un des mots les plus efficaces que je connaisse pour clouer le bec à quelqu’un : « Tu n’es pas sérieux, tu n’es pas sérieuse. » Je vous propose la définition suivante : être sérieux, c’est faire partie d’un groupe fort. Si vous êtes isolé ou si vous appartenez à un groupe en déclin, vous parlez pour ne rien dire, votre voix ne porte pas, vous feriez mieux de la fermer. Dire que les femmes ne sont pas sérieuses, ce n’est pas faire de la psychologie – à la recherche de la Femme éternelle – mais de la sociologie : c’est dire que leur groupe est disloqué. […] La Femme est le nom d’une énergie surhumaine qui pourrait foutre les jetons. C’est même pour cela que les Grecs avaient construit leurs gynécées, comme le couvercle sur la cocotte-minute. Classes féminines, classes dangereuses ! Avouez qu’il y a de quoi se réunir entre hommes pour prendre des mesures, décréter l’excellence d’une vie mesurée et instaurer la philosophie en tant qu’amour de la sagesse, de la pensée ordonnée et du langage articulé. »

[06/02/07 — microcosme] Réaliser une petite maquette de l’atelier en carton. Placer dedans quelques « plaques », dix en tout. Prendre des photos : on s’y croirait ! Téléphoner à un Leroy Merlin quelconque. Passer près de deux heures à chercher des plaques sur Internet, que dalle. Se trimballer en lointaine banlieue ? Bref, s’affairer dans l’immanence !

[07/02/07 — Montigny-lès-Cormeilles] Si rien à Paris, se retourner vers la banlieue. Montigny-lès-Cormeilles : nous en rêvions. Louer un « véhicule adéquat ». Aventure.

[20/02/07 — azebine] Regarder le Journal de la Culture sur Arte : Peinture, marché qui marche et grand-messe des nouvelles tendances à Karlsruhe. Bonne femme à lunettes à la Cadiot – que lui pour raconter comment elle sait que la peinture aujourd’hui c’est l’ordinateur. Tout le reste, c’est has been. Comme présenter une collection de mode de l’hiver prochain quand on n’est pas encore au printemps. Impression : être en retard de trois wagons, courir derrière son temps qui serait dépassé. Pas aller aux plaques. Prévoir un essai avec une colle plus adhésive — plus persuasive dans le collage.

[20/02/07 — pas regarder la télé ] Acheter du gros scotch à masquer et essayer le secourisme… Peut-être que ça peut aussi réparer les thèses brisées ? (imaginer Moïse brisant les tables de la loi) Ah ! faut pas regarder la télé ! et cette usurpatrice qui se déguise en personnage de Cadiot pour mieux faire croire ! Se penser pas plus has been que les gens de la télé, du pouvoir économique ; savoir qu’on sait des choses qu’ils ne savent pas et qu’ils inventent ce qui les arrange, c’est-à-dire ce qui fait tourner le marché des marchandises, la mode… Se savoir contemporaines, puisqu’on vit maintenant (pas encore disparues !). Le contemporain c’est nous, les quinquagénaires utopistes, les Cadiot à plusieurs vitesses, les mémères à lunettes de la télé et les complices du marché de l’art, ET les milliards de gens qui ont faim, pas d’eau, des soudards dans leur potager ou des menaces de guerre sur le palier, le sida et le choléra et leurs enfants qui meurent les uns après les autres. C’est tout ça, le contemporain. Et si on fait jouer le quantitatif, les chiffres, le monde contemporain ne ressemble pas du tout à ce qu’en dit la femme à lunettes.

[22/02/07 — mettre en route un processus ] Réfléchir à une « problématique des plaques » (elles ont bien leur tectonique[xlix]). Exposer une avant-peinture, remonter vers un art pariétal : des plaques tout juste peintes, blancs sur blancs, à plats, dégoulinures, quelques traces de coulures-couleurs. Interroger l’idée admise d’une œuvre « personnelle », exprimant un individu (son talent, son génie), un artiste. Rendre les objets picturaux à la communauté. Mais « faire avec » l’inter-subjectivité, en avoir suffisamment conscience. Cependant, maîtriser est une illusion, il faut aussi laisser faire, se laisser faire. Raréfier les données de départ, pour mettre en route un processus précisé à l’avance mais dont on ne connaît pas l’issue, le but, le résultat : deux acteurs qui ne s’individualisent pas en tant qu’auteurs, un lieu (dit « l’atelier »), un support (des plaques de polystyrène extrudé de 60 x 125 cm), de la peinture industrielle en un nombre restreint de couleurs. Envisager de conserver les traces au sol résultant de la peinture à blanc des plaques ; prévoir de les disposer perpendiculairement aux murs (choix esthétique !).

[28/02/07 — imbécile technique] Faire rimer : la technique c’est opaque avec l’utopique des plaques — et avec le « nique la bac » des murs du quartier !). Comment faire ? Comment dire ? En trente ans de « métier », on n’a rien appris. On en est toujours là : rien ne s’accumule de la peinture, couche après couche. Couche après couche, c’est une mise à nu. Juste savoir que c’est un savoir régressif, qui se détricote au fil du temps.

[07/03/07 — Poussin marin] Faire livrer les dernières plaques par Castorama — elles tiennent chaud…

[15/03/07 — c’est Mel Bochner, "celui qui coûte un deux pièces dans le 20e"[l] ] Coller une couche sur les plaques. Copier-coller tous les mails échangés pour voir ce qu’il est possible d’en faire, paratactiquement, à côté des plaques.

[07/04/07 — vérification] Recevoir le projet de plan pour les portes ouvertes, pour vérification. Figurer (n°105) sous l’intitulé, provisoire, attendant mieux, "Gayffier-Catoire, peinture". Tout va bien. Y’a plus qu’à.

[09/04/07 — neutre infinitif ] Se remettre dans le bain, se pousser du haut du plongeoir, en parcourant l’état des « écrits » sur l’expo, à savoir : compil des mails ou bouts de mails retenus, sauce réduite avec « verbes mis à l’infinitif », marque supposée du neutre. Faire mieux ressortir la progression de la démarche : au début, ce qu’on ne veut pas faire ; la période « merguez » ; le dehors-dedans ; le poreux ; le « retour à l’atelier » avec recherche d’un module (porte, fenêtre, verrière) ; la porte murée ; la recherche du support adéquat, les plaques de polystyrène extrudé ; les essais de peinture sur plaques ; la commande ; les essais foireux avec la colle « spéciale » ; les premiers assemblages au scotch ; la maquette ; la procédure peinture prévue, etc. Activer la suite : chercher en magasin ou à l’atelier la peinture des couleurs. Peur de manquer de temps. Aller à l’atelier, ranger, fabriquer une table basse à la taille d’une plaque, faire des photos des plaques pas peintes, essayer de ne pas toucher à la peinture pour le moment, malgré l’anxiété.

[10/04/07 — avant peinture] Regarder des photos de plaques faites à l’atelier : plaquantes.

[11/04/07 — tomber dans ces panneaux ] Parcourir les fichiers de la m.c.a. (minuscule). Rien à partir de février (mais thèse, bibliothèque, immobilier, Pougues-lès-Eaux, notaire et succession, écriture, collège, lecture, enfants et petits-enfants, etc.) L’immobilier, comme encombrant, difficile de faire mieux. Toujours tomber dans ces panneaux (plaques). Travailler la plaque, la limite. « Pourquoi êtes-vous devenu philosophe ? — Parce que les grottes de Rocamadour »[li]. Se débarrasser – non, on ne se débarrasse pas comme ça – de ses encombrants, les trimballer (ou tourner autour). Se l’écrire. C’est le meilleur déplacement (les déplacements mieux que les placements !). Relire ensemble « la problématique des plaques ». Difficulté à y mettre le collège. Qui « leur » appartient. Une relecture de réajustement. Faire comme avant de se jeter à l’eau, s’éclabousser un peu derrière la nuque avec l’eau froide. Passer le rouleau de blanc.

[12/04/07 — Réchauffement ] Beau temps. Faire une sieste sur la grande pelouse du parc de Belleville, « la problématique des plaques » sous le coude. Toutes les plaques ont reçu un coup de blanc, les chants laissés en attente.

[13/04/07 — il faut s’en aller, il faut sortir ] Suite de discussion. Tout tourne autour de la question d’ « un seul en tant que soi », donc du sujet. S’arrêter sur une phrase de Constantin Stanislavski[lii] que cite Jean-Luc Nancy : « Mathilde m'a par ailleurs envoyé une phrase de Stanislavski que j'ai trouvée très belle : « Partir de soi ou partir de soi. Avec ses deux accentuations, c’est une excellente formule matricielle pour le solo de danse, la formule même de la question du sujet. Le sujet, c’est ce qui doit être en soi, à soi, présent à soi, existant par soi. Le sujet c’est toutes les déclinaisons possibles, toutes les prépositions possibles autour de « soi », puisque « soi », ne peut être un sujet. « Second versant de la phrase de Stanislavski, « partir de soi » : il faut s’en aller, il faut sortir »[liii]. Partir de soi, « partir de rien, parce que rien n’est donné que dans la séparation de corps. Qu’il soit un corps ne signifie pas qu’il soit un « soi », mais qu’il est une portion finie de la matière qui peut, de l’intérieur de cette circonscription finie, de ce découpage, s’étendre mais sans sortir non plus de ses limites. » Révéler du coup le radical dérangement du projet de peindre à « deux » (à deux c’est pas « le couple » qui renvoit à l’unité, à la fusion).

[13/04/07 — une peinture qui bégaie] Il tombe pile, tombe à pic, pour nous toujours, J.-L. Nancy ! Existe-t-il quoi que ce soit qui fasse un, unité, puisque toute conscience, toute pensée, si minimale soit-elle, est un rapport ? Penser qu’il n’existe pas d’origine, « qu’il était toujours deux fois », que l’origine, le départ (partir de) d’une chose est toujours dans le redoublement. Appeler ça « le bégaiement de l’origine ». Donc à deux, être déjà au moins quatre ! Et encore, passer son temps à déplier, renvoyer, dédoubler tout ça en se l’adressant, en le pensant, en l’écrivant, en le donnant à voir au public : vertigineux, ce qui se passe là. En tirer, provisoirement, un « nomdegroupe » : « Hors Sujet ». Pour le négatif de la formulation (dans le style des « Pas moi », ou « Mal vu mal dit » de Beckett[liv]), l’éviction de l’auteur et le dehors (si le dedans était le sujet…) Repêcher des petites bribes de conversations, mal vu, mal dit. Fatiguer.

[14/04/07 — hop hop hop !] Suggérer d’écrire par terre, dans l’atelier : « Allez on s’y met ! Hop hop hop ! », mais, aussi bien, des choses plus laconiques et/ou plus pensées (des citations de Deleuze-Nietzsche-Spinoza-Nancy, notre « nouveau philosophe » : Denis Pinan ! Un nom de groupe, c’est le cas de le dire !)

[14/04/07 — gestion des traces et des décisions ] Sur le sol aussi, des cotes comme sur un plan d’archi ? Soudain, prendre confiance : en deux jours, avoir compris comment ça fonctionne, le hors sujet ou le Denis Pinan. Chercher la mise en marche, le mode d’emploi (on peut s’en passer, mais personne ne le lit— qui lira celui-ci ? Qui es-tu, ô lecteur ?) Essayer, appuyer ici ou là, au hasard, cafouiller un peu, et puis, voilà, ça roule… Procédé machinique : ouvrir la séance avec « aujourd’hui, on va faire très systématique ». Devenir « adultes » : laisser être, laisser faire, laisser couler, la passivité, etc., on connaît. Aucun doute la-dessus ; mais, en amont, il y a les décisions. En amont, ou de temps en temps, s’arrêter pour décider de ce qu’on fait, de ce qui va entrer dans la machine, une machine à qautre bras, à deux corps, qui marchent, fonctionnent en même temps. Important : on ne peut pas faire de vélo tant qu’on a pas compris le principe de simultanéité : regarder devant soi, tenir le guidon et pédaler. Fabriquer des plaques. Fabriquer de la peinture. Mécaniser, systématiser. Toute décision ne peut être toujours « externalisée », tenue au dehors, qualifiée de « ready made ». Délimiter et connaître par avance les zones (de temps et d’espace) où le choix intuitif est possible — mais limité. Fabriquer, produire de la trace, du hasard « encadré ». Fabriquer de la trace en empilant les plaques, pour qu’une plaque salisse l’autre. Garder les traces au sol. Introduire du temps, de l’histoire dans la peinture. Trace = travail antérieur, travail ancien. S’inscrire, donc, dans l’histoire de la peinture. Et puis, décomposer les tâches par les taches ! Travailler c’est enchaîner des tâches, c’est une chaîne, même si pas travail à la chaîne. Prendre les choses par un bout et aller jusqu’au bout[lv]. Tenter une taylorisation du travail de la peinture : à plusieurs (plus d’une), établir un programme, un processus, décomposé en phases qui s’enclanchent, s’enchaînent, après avoir mis au point un prototype. Établir aussi un programme au sens d’emploi du temps — temps compté avant le début de l’expo.

[14/04/07 — Hors Saison, le réchauffement de la peinture ] Voir qu'il existe un livre d'Emmanuel Lévinas qui s'appelle « Hors Sujet »[lvi]. Encore lui. Proposer alors : Hors les murs, Hors concours, Hors Collection, Hors de prix, Hors-circuit, Hors Antenne, Hors-piste, Hors-Clichés, Hors-Trace (un voyagiste pour aventuriers !), Hors-sol, Hors norme, Hors série, Hors-jeu, Hors-Cadre, Hors des sentiers battus, Hors champ, Hors d'atteinte, Hors Saison, Hors-contexte, Hors d'usage, Hors la loi, Hors Ecran Hors Cours, Hors Edition, Hors compétition, Hors-contrôle, Hors Taxes, Hors Siège, Hors Bord, Hors du Commun, Hors Limite, Hors Commerce, Hors routes, Hors mariage, Hors équilibre… Essayer de formuler quelque chose sur : prendre des décisions, limiter les décisions, faire entrer du dehors dans la peinture, hasard et nécessité en fait.

[15/04/07 — ego / écho ] Recopier à l'exposition Beckett[lvii] : « D'abord le corps. Non. D'abord le lieu. Non. D'abord les deux. »[lviii]. En écho, qui surgit là : « Ce qui s'y passe c'est qu'il (l’ego) s'y espace. (…) Mais l’homme est cela qui s’espace, et qui peut-être jamais ne demeure ailleurs que dans cet espacement (…) »[lix]. Écho, ego = 2 ou +. Tirer parti de ce qui se fait ensemble, neutraliser les images, Poussin, Vermeer, etc., les recouvrir de scotch, se méfier du voile, trop chic. Différents status des blancs et des couleurs. Les traces et les adhésifs de couleurs vives comme des données de l’extérieur, venues du dehors. Les blancs, peintures et adhésifs, sont à la fois un dépôt, un ajout et un retrait, un masquage, un blanchiment. Neutraliser les couleurs par les blancs. Neutraliser les coulures et giclures, par les bandes d’adhésifs horizontales et verticales. Neutraliser le mat par le brillant et inversement. Le neutre est le résultat de ces dialogues, de ces conversations. Palpitation du neutre.

[15/04/07 — Volcanisme de la subduction ] Raconter à un proche « la tectonique des plaques » ; lui : « Tectonique, c'est au mieux 3 cm par an de glissement de la croûte océanique ». Rapprocher les zones de subduction, où la croute océanique plonge sous la croute continentale, des mystères de la séduction, où le jeu consiste peut-être à tenter de faire surgir la Cordillère des Andes, sans qu'une plaque passe sous l'autre, et où l'echec se traduit par « une libération soudaine, volcanique, voir tsunamique, des contraintes accumulées ». Pointer le météorique et le tectonique.

[15/04/07 — Croisement des fictions ] Le météorique tombe du ciel. Les plaques et leur tectonique, c'est de la géologie, ça part du sol, ça bouleverse par la terre, ça remue par le bas. Dans l’atelier, directement posé sur la terre, jouer léger, ou faire semblant. Au sol, traces, plan. À terre, les notes de bas de pages. Terre / ciel : plaques légères, « aériennes », certaines fixées en l'air, descendant du toit, même; et au sol, des traces (d'une implantation antérieure ? une fiction, celle du temps accumulé), avec quelques repères écrits, comme les légendes des cartes de géographie. Entre les deux, ciel et terre, les coulures, les dégoulinures de peinture obéissant à l'attraction terrestre, à la pesanteur (encore une fois la passivité); peut-être les mots tombés à terre aussi, restes, scories, condensations. Et sur les plaques, les bandes d'adhésifs mimant quelques lignes de texte évaporées, évanouies, illisibles ou raturées.

[15/04/07 — Neuterralisation ] Neutraliser : oui, viser la neutralisation en utilisant des matériaux ready-made du commerce, faire entrer du dehors, aplatir le côté « perso ». Deux neuterralise un.

[15/04/07 — n couche + 1] Passer, en fin d’après-midi, une deuxième couche de Beckett et lire, à l’exposition[lx] : « L'assoupissement de l'idée de moi » et aussi : « Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. »[lxi]. Ouf, il n’est pas trop tard pour rater mieux.

[16/04/07 — Le pouvoir vacant ] Se dire, à propos de Beckett, qui écrit des trucs sinistres sur des hommes qui rampent dans la boue dans un monde où la couleur dominante est le gris, des hommes dont la vie se réduit, se réduit, etc. : pourquoi ça produit un effet réjouissant ? Un effet « vitaliste » ? C'est l'envers du fachisme, de la bonne santé obligatoire, du désir d'ordre du voisin tapissier[lxii]. On peut voir, parfois en quelques jours, dans un voyage scolaire par exemple, certains prendre le pouvoir et, de ce fait même, enlever la puissance aux autres. Sans le formuler, l’une-avec-l’autre (hors-sujet ou hors-jeu, hors pair, mobi 2 ... ) sommes « sensibles » au pouvoir vacant. Deleuze encore : tenter de ne pas confondre pouvoir et puissance. La puissance dans le pouvoir vacant. « Volonté de puissance ne veut pas dire que la volonté veuille la puissance. (…) Volonté de puissance doit s'interpréter tout autrement : la puissance est ce qui veut dans la volonté. La puissance est dans la volonté l’élément génétique et différentiel. C’est pourquoi la volonté de puissance est essentiellement créatrice. »[lxiii]

[18/04/07 — le futur antérieur : une fiction ] Découvrir, en arrière-plan, la « présence », pour l’une en tout cas, d’une fiction accordant un passé aux plaques : données, trouvées, elles ont déjà été utilisées, à des fins très ordinaires, platement utilitaires, pour faire « des travaux dans une maison ». C’est pourquoi on y trouve des traces, d’anciennes peintures, d’anciens gestes. Poser les traces, laisser couler les coulures de peinture verte, beige est travail de maquilleur, de décorateur de théâtre qui reconstitue une « patine » de temps, à déposer sur les plaques. Idem pour la pose des adhésifs de plastique noir, rouge, rayé verte et jaune. Ensuite, avec les « peintures blanches », les adhésifs « blancs », ce sera peut-être un travail de peintre. Accumuler divers temps « sur place ». Un lieu, commun, un lieu-commun pour les différentes temporalités.

[19/04/07 — devenir cheval ] Envoyer de l’une à l’autre de l'épluchure de rêve. Se faire pardonner d’étaler sa vie, (quel rapport avec les plaques ? ça circulera encore entre les plaques quand on aura tout oublié) en citant Jean-Christophe Bailly : « Dans l'approche que l'on fait d'une œuvre, ou à partir d'une œuvre, ni l'élimination du matériau biographique, au motif qu'il verserait dans l'anecdote, ni, à l'opposé, sa transformation en réservoir de légendes, ne sont satisfaisantes, il y a comme une énergie qui semble toujours en retrait, toujours soustraite, dont l’œuvre bien sûr est la trace, mais dont on sait qu’elle s’est déposée ailleurs, qu’elle résiste aussi bien à l’inscription qu’à l’effacement, et dont les lieux, continués en eux -mêmes, indifférents, violentés, sont la résidence fantomatique. »[lxiv] « Morale » de la fable du rêve en question : mieux distinguer l’élan de la précipitation.

[20/04/07 — ça prend de la vitesse] Comment l’expérience à deux ralentit ou, parfois, accélère le processus, le décompose, le déplie systématiquement, dans la nécessité d’expliquer (ex-plicare = sortir des plis), de rendre compte, voire de justifier l’une pour l’autre le moindre geste, la moindre décision. À chaque pas, à chaque avancée, s’interroger, chercher l’exacte attitude, l’exactitude. Ça freine, inévitablement, mais ça montre les milliers de possibilités virtuellement présentes dans l’entreprise la plus simple — ou se voulant telle au départ. Mais aussi, à deux, parfois ça prend de la vitesse, ça file — l’autre comme témoin, on sait alors que ça va vite (seul le saurait-on ?). Comment prendre/ne pas prendre de décisions en peinture ? Utiliser des matériaux industriels, « ready made » : panneaux isolants, peinture industrielle (choisir les couleurs en fonction de ce qu’on trouve dans un magasin où il n’y a pas beaucoup de choix – décision limitée, volontairement. Et choisir dans ce qu’il y a déjà à l’atelier : radinerie érigée en principe esthétique !). Les éléments ajoutés sur les surfaces peuvent être des adhésifs de couleurs plutôt que des bandes peintes ; cela introduit de l’extérieur, du déjà existant, déjà fait ; cela neutralise, dépersonnalise, objective la peinture… Et pourtant, il faut prendre des décisions ; mais autant les réduire, pour les rendre conscientes (plus il y en a, moins elles se présentent à l’esprit). C’est à cela que sert le « duo » : rendre conscient ce qui, dans la pratique isolée, est pris dans un flux continu, le porter à la connaissance de l’autre. Toute décision ne peut pas toujours être « externalisée », tenue au dehors, tournée en « ready made ». Délimiter et connaître par avance les zones (de temps et d’espace) où le choix intuitif est possible — mais limité.

[21/04/07 — dépossession ] Pas de possessif pour l’atelier : l’atelier. Ça va avec le dispositif. Repeindre l’atelier en neutre. Latelier, un infinitif. M. Latelier, c’est le troisième larron, le lieu de l’action : c’est LE (super) cadre.

[22/04/07 — proposer de la déception] Si, d’aventure, à une étape provisoire, on peut passer par la case « peinture-réussie », le dispositif l’inter-dira. Inter-dit. Oui, le dispositif impose des inter-dits, de ce qui se dit entre. La radicalité en passe par là. Ratiboiser, limiter, proposer de la déception.

[24/04/07 — perturbance] Aller ranger l’atelier. Travailler à ce texte. Prévoir de composer une page très concise, plus factuelle, décrivant la démarche étape par étape. Plaquer à tout va… Mais, aussi et surtout, perturbance électorale : que faire pour éviter l’inévitable cauchemar ?

[25/04/07 — sur le pré] Chercher un « nom-de-groupe », encore. Partir de « mobil » : mobylette ?

MOBILÈTE S.A., MOBILÈTE COMPAGNIE ANONYME (M.C.A.), ou MOBILÈTE M.C.A. (Machines Concept Anonyme). Et encore : Entreprise, Compagnie Générale, installations, Accueil Services, Agence, Agencements, Française des Techniques de Réalisation, La Générale de Mécanique… En tout cas une SNC (Société en Nom Collectif). S’y perdre. En rire : la M. C. A. (Meurtre, Crime et Assassinat), ou la Mignonne Compagnie Anonyme, la C. A. G. M. (la Compagnie Anonyme des Gouttes et des Miettes), etc. Hésiter entre deux options : un « nom-de-groupe » fait à partir des noms, prénoms ou initiales de l’une et de l’autre : GAYCAT, par exemple ; un nom « programmatique », qui dit quelque chose de la pratique mise en chantier, et là, c’est vaste. S’en référer à Michaux : « Déplacements, dégagements »[lxv], « La vie dans les plis »[lxvi], « Façons d’endormi, façons d’éveillé »[lxvii]. Demander aussi à Ponge et à sa « Fabrique du Pré »[lxviii]. Le pré de Ponge fonctionne un peu comme un plan d’immanence, lieu d’indéterminations, de neutre, mais aussi de décisions possibles, de coupures, qualification et disqualification, passages et identifications passagères, une métaphore du texte qui se construit à mesure qu’il se déconstruit et vice versa… Peut tout aussi bien fonctionner pour la peinture, du moins la pratique de l’une et l’autre, comme une machine à peindre. Avancer « Fabrique de la Peinture » ou « Le Pré, Fabrique de Peinture » ? Ou encore « Dans le Milieu des Choses ». Compter toujours sur « Les Différences Parallèles » (trop intello ?), « Hors Sujet » (plutôt un titre d’exposition ?), « C.C. (Comment C’est, Commencer ?) ».

[29/04/07 — Scolaire] Pour la présentation succincte, ne pas craindre les répétitions parce que ça installe le style « mode d’emploi », imbécile et implacable. Oh : Implacable ! à garder ? Pour le « nom-de-groupe », comment rester fidèle au neutre et pas trop loin du jeu ?

[03/05/07 — Capture pas clôture] Les plaques n’entrent pas en concurrence, la peinture circule de l’une à l’autre, selon différentes vitesses, elle ne s’arrête pas sur une seule : ce ne sont pas des tableaux. Les plaques : comme un paysage ouvert. Égalité de traitement. Pas de hiérarchie, pas de rivalité, pas de suprématie : les plaques sont démocratiques et partageuses !

[03/05/07 — Nous, on ne vernit pas] Finir par la fin : le vernissage. Si tout ce qui est inutile est nuisible (théorie du nuage)[lxix], un vernissage, surtout avec-musique-et-lecture de textes, est très alourdissant. Hors sujet ! Exclure de la prestation les familles et les musiciens de la famille, pour éviter le retour du sujet, maman, chérie, grand-mère…. Sé pa rer. « Séparé », un mot pour le sol, on sait déjà où le placerPoser un cadre, ou bien mettre en place un dispositif, ou bien établir des règles du jeu. Dire ce qui a été instauré en amont : ces contraintes, ces limites qui par définition clôturent, paradoxalement, produisent de l’ouvert, donnent de l’aisance, de la facilité. Est-il possible de poser des règles du jeu pour soi seul — de soi à soi ? Le rapport de l’une à l’autre est fondamental ; comme si le respect de l’autre, l’autre comme parfait extérieur, sé pa ré, produisait une circulation bénéfique entre le soi et le hors-soi de chacune. Et régler ainsi les rapports de vitesses, l’élan et le ralenti. Articuler le réflexif à l’instinctif. De même avec les moments de doute, on peut rater (Beckett, himself), on se doute que le ratage va produire autre chose. En ce sens, pas de ratage, à cause du jeu lui-même, du jeu avec l’autre. Réaliser que cette idée-là est formidable : elle place la peinture dans un autre mode d’expérience. Rater, c’est pas grave : rien à perdre. Avoir peur, aussi bien, que ça réussisse cette histoire — enfin un genre de réussite…



[i] m.c. gayffier, L’Écarquillée, 2004 et Revue La Passe n°3, 2006

[ii] Spinoza, Nietzsche, Deleuze, par exemple

[iii] Gilles Deleuze et Félix Guattari, « Mille Plateaux », éditions de minuit, 1980, p. 31

[iv] « Volver », film de Pedro Almodóvar, 2006

[v] Inknight- nuitdencre, galerie 64 rue Jean-Pierre Timbaud - 75011 Paris - http://inknight.free.fr

[vi] Gilles Deleuze, « L’Île déserte et autres textes », éditions de Minuit, 2002, p.280

[vii] « L'école est finie », chanson chantée par Sheila, paroles : André Salvet & Jacques Hourdeaux, musique : Claude Carrère, 1963, © Editions Raoul Breton / Pleins Feux

[viii] Noël Dolla, né en 1945, peintre, vit et travaille à Nice,référence à l’exposition « Vir heroicus sublimis Find us/le grand leurre »,Musée d'art moderne et contemporain de Nice, 1999

[ix] « L’École buissonière », galerie associative, 37, rue Alexandre Dumas 75011 Paris sous la direction d’Anne-Marie Pasdermadjian

[x] Collège d'Enseignement Secondaire Jean Lolive (C.E.S), 34 rue Cartier Bresson, 93500 Pantin

[xi] de parataxe, figure de style : « construction par juxtaposition, sans qu'un mot de liaison indique la nature du rapport entre les phrases ».

[xii] « Le Plateau », Frac d’Île de France, 22, rue des Alouettes, 75019 Paris

[xiii] Rocé, rappeur et auteur d’«Identité en crescendo», No Format/Universal Music Jazz, 2006.

[xiv] Gilles Deleuze, « Nietzsche et la philosophie, P.U.F., 1962, p.80

[xv] Jean-Luc Nancy, conférence à la Sorbonne en novembre 2004, photo d’Anne Immelé

[xvi] « Pour en finir avec le jugement de Dieu », conférence enregistrée en 1947, texte écrit et lu par Antonin Artaud

[xvii] Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui, « Zero degrees », du 19 au 23 décembre 2006, Théâtre de La Ville, Paris

[xviii] « Les glaneurs et la glaneuse », film documentaire d’Agnès Varda, 2000

[xix] « Du phénomène de la bibiothèque », exposition de Joseph Kosuth à la galerie Almine Rech, du 27 octobre au 23 décembre 2006, Paris

[xx] Site de la galerie Les filles du calvaire, exposition James Hyde de 2004

[xxi] Stéphane Mallarmé, « Crise de vers, la musique et les lettres », Ivréa, 1999

[xxii] Jean-Luc Godard, Exposition « Voyage(s) en utopie », Centre Pompidou, 11 mai-14 août 2006, Paris

[xxiii] Exposition de Gerwald Rockenschaub, « Embrace Romance! », 1er décembre 2006 13 Janvier 2007, galerie Taddaeus Ropac, Paris

[xxiv] Voir note 11

[xxv] m.c. gayffier, « Dans l’atelier », éditions Jacques Brémond 2000, prix Ilarie Voronca 1999

[xxvi] Jacques Lacan, « Le Séminaire. Livre XX. Encore (1972-1973). », Le Seuil, 1975

[xxvii] Cso = corps sans organe, in « Pour en finir avec le jugement de Dieu », conférence enregistrée en 1947, texte écrit et lu par Antonin Artaud

[xxviii] Françoise Proust, « Le style du philosophe », in « Tombeau de Gilles Deleuze », Mille Sources, 2000, p.127

[xxix] « Le géant des Beaux-Arts », www.gerstaecker.fr

[xxx] Marin S. A., 70 avenue Gabriel Péri, 94110 Arcueil

[xxxi] Julien Gracq, « Le Rivage des Syrtes », José Corti, 1951, p.233

[xxxii] Jean-Baptiste de Lamarck, « Philosophie zoologique », t. 2, 1809, p.133

[xxxiii] George Sand, Le Compagnon du Tour de France, 1840, p.360

[xxxiv] Gilles Deleuze, « Le pli », éditions deMinuit, 1988, p. 104

[xxxv] Idem, p. 111

[xxxvi] « Il pleut, je ne sortirai pas », thèse de Doctorat d’Arts plastiques d’A. Catoire, en cours, Paris I-Sorbonne.

[xxxvii] Jean-Luc Nancy, « Les différences parallèles. Deleuze et Derrida », in « Deleuze épars », Hermann, 2005

[xxxviii] Olivier Cadiot, « Un nid pour quoi faire », P.O.L., 2007

[xxxix] René Schérer, « Deleuze éducateur », in « Tombeau de Gilles Deleuze », Mille Sources, 2000, p.119

[xl] www.castorama.fr

[xli] 52, rue Rambuteau, 75003 Paris

[xlii] www.leroymerlin.fr

[xliii] www.pointp.fr

[xliv] François Morelet, « Mais comment taire mes commentaires ? », éditions Marie-Anne Sichère, 1999

[xlv] Maurice Blanchot, « Thomas l’obscur », Gallimard, 1941 (1ère version) et 1992 (2e version)

[xlvi] Voir note 34

[xlvii] Jean-Luc Nancy sur France Culture, « Les Vendredis de la Philosophie », 2 février 2007

[xlviii] Éditions Mille et Une Nuits, 2006

[xlix] Etude de l’ensemble des mouvements, des déformations de l'écorce terrestre ayant affecté des terrains géologiques postérieurement à leur formation.

[l] Mel Bochner, exposition « 1998-2007: Peinture, sculpture et installation », 3mars-20 avril 2007, Galerie Nelson, Paris

[li] Jean-Luc Nancy, « Je ne suis jamais devenu philosophe », conférence donnée au Centre Pompidou, le 26 février 2003

[lii] Mathilde Monnier, Jean-Luc Nancy, « Allitérations, conversations sur la danse », Galilée, 2005, p. 93

[liii] idem, p.94

[liv] Samuel Beckett, « Pas moi », 1975, ou « Mal vu mal dit », 1981, éditions de Minuit

[lv] m. c. gayffier, « Et voilà le travail », éditions L’écarquillée, 1998

[lvi] Emmanuel Lévinas, « Hors-sujet », Le livre de poche, 1997

[lvii] « Images De Beckett », exposition Samuel Beckett au Centre Pompidou, du 14 Mars au 25 Juin 2007

[lviii] Samuel Beckett , « Cap au pire », éditions de Minuit, 1991

[lix] Jean-Luc Nancy, « Ego Sum », Fammarion, 1992, pp.162-163, cité par Jacques Derrida dans « Le toucher, Jean Luc Nancy », Galilée, 2000

[lx] voir note 36

[lxi] Samuel Beckett, « Premier amour » éditions de Minuit, 1945, 1970

[lxii] Fernand L., 79 rue de Ménilmontant, 75020 Paris

[lxiii] Gilles Deleuze, « Nietzsche et la philosophie, P.U.F., 1962, pp. 96-97

[lxiv] Jean-Christophe Bailly et Jacqueline Salmon (photographies), « Rimbaud parti », Vilo, 2066

[lxv] Henri Michaux, « Déplacements, dégagements », Gallimard, 1985

[lxvi] Henri Michaux, « La vie dans les plis » Gallimard, 1949

[lxvii] Henri Michaux, « Façons d’endormi, façons d’éveillé », Gallimard, 1969

[lxviii] Francis Ponge, « La fabrique du Pré », Skira, Les Chemins de la Création, 1971

[lxix] Henri Maldiney, « Regard, parole, espace », L’âge d’homme, 1973, p.166 : « Cézanne, par contre, n'admet d'éléments que le peu qui suffit (et si peu dans ses aquarelles) à mobiliser une surface en nappe énergétique, en énergie spatialisante. »

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